ÉGLISES DE SAVIGNY SUR ORGE
Notre Dame d'Espérance

 
 
 
 
BIENTÔT VINGT ANS
(Grain d'Orge 1984)

Il s'agit de l'église Notre-dame d'Espérance, née le 16 juin 1963 (première pierre posée par Monseigneur Renard, Évêque de Versailles), ouverte au culte le 15 septembre 1964 (première messe présidée par Monseigneur Letourneur, Vicaire Général, qui a habité derrière l'église de 1977 à 1979). Voici ce qu'écrivait sur le Curé-fondateur, l'abbé Jacques Dufour, qui a quitté Savigny pour l'Évêché de Pontoise au moment de la création des nouveaux départements et des nouveaux Évêchés (à l'automne 1966). Ce qui suit est un extrait du Lien (journal de la paroisse Saint Martin) de septembre 1964 : " Depuis longtemps, pour qui longeait son vieux mur délabré depuis la rue Vigier jusqu'à la rue de Rossay, le parc de Grandvaux présentait l'aspect d'une retraite mystérieuse, exception faite toutefois pour les enfants, petits et grands qui, par les brèches, y faisaient de fréquentes incursions pour de passionnantes parties". On savait seulement que ce domaine, jadis propriété de M. Achille Vigier, gendre Maréchal Davout et ancien Maire de Savigny, appartenait depuis quelques années à une société d'aviation.

Brusquement, les événements allèrent vite de ce côté. On apprit qu'une autoroute, traversant la commune en son extrémité, allait isoler le parc de son château alors habité par plusieurs familles et qui, bientôt livré à la démolition, serait remplacé par l'ensemble d'habitation appelé maintenant Résidence de Grand Val. Quant au parc, acheté 1 F 80 le  m2 par la SEMICLE (ou Société d'économie mixte pour la construction de logements économiques), il allait être transformé en cité comprenant des logements formule " accession à la propriété " et des HLM.

Notre Dame d'Espérance

Aussitôt un problème se posa au clergé. L'église Saint-Martin suffisant difficilement aux besoins religieux de la population déjà existante, il était nécessaire d'envisager la construction d'un autre lieu de culte dans la nouvelle agglomération. Monsieur le Curé, après avoir pris avis du conseil curial, se mit en contact avec la SEMICLE, en vue d'acquérir un terrain.
L'accueil ayant été favorable, les paroissiens furent informés le dimanche 30 novembre 1958 du projet de construction d'une nouvelle église à GRANDVAUX…
Quelques mois passèrent et nous avions enfin la satisfaction d'apprendre qu'un terrain nous était cédé, à condition :
- que la construction de l'église soit réalisée sans tarder.
- que le style de l'édifice soit en harmonie avec l'ensemble de la cité.

Pas de problème pour ce dernier point, l'architecte choisi étant précisément celui qui dirigeait déjà la construction de l'ensemble : M. Hébrard. - Par contre, ce ne fut pas facilement qu'on arriva à l'adoption d'un projet définitif, la modicité des ressources escomptées obligeant d'abord à changer de plan, puis à modifier, à rogner au maximum pour établir un devis financièrement raisonnable.
L'octroi par la caisse d'épargne de Corbeil d'un prêt " … de 400.000 F... " permit enfin de passer à la réalisation...

Notre Dame d'Espérance avec la croix sur la droite Vu l'absence de notre Évêque, en raison de la troisième session du Concile, la cérémonie de consécration a été reportée au dimanche 13 décembre, jour où nous célébrons la solennité de l'Immaculée Conception...
Et désormais, que cette église soit pour tous ceux qui l'entourent une fervente invitation à la vie chrétienne et un foyer de vie fraternelle
LA CONSTRUCTION DE NOTRE-DAME D'ESPÉRANCE
Le chantier fut ouvert de façon effective en septembre 1963 par l'Entreprise des Grands Travaux de l'Est, qui construisait les immeubles de la SEMICLE. Le conducteur de travaux M. Le Pober et le chef de chantier M. Martinato menèrent les travaux rapidement ; le froid de l'hiver 1963-64 interrompit le bétonnage quelques jours, mais, dans l'ensemble, tout se passa bien. Un échafaudage encadrait l'église pour couler la voûte, tout l'intérieur était également échafaudé.
Les verrières sont l'œuvre de M. Lamarque, peintre qui habite toujours Savigny il était impossible, pour des raisons financières, de monter des vitraux au plomb dans les grandes baies prévues par l'architecte aussi a-t-on équipé des châssis préfabriqués en béton de véritables verres à vitrail, soufflés à la bouche dans l'usine de Saint-Just-sur-Loire, appartenant à la Société Saint-Gobain. Par contre, le baptistère est éclairé par un véritable vitrail, dessiné par M. Lamarque, et qui représente une colombe stylisée, symbole du St-Esprit descendant sur le baptisé. Le baptistère lui-même est l'œuvre de M. Augst, sculpteur savinien, qui a réalisé le monument aux morts devant la mairie.
Le clocher métallique (oeuvre de M Tomas) avec ses cloches rapatriées d'Algérie, Martin, Thérèse et Anne_Marie
Après la mise en service, de nombreux travaux annexes furent réalisés progressivement : aménagement des jardins, pose d'une croix , bois et d'une statue de Notre Dame d'Espérance, achat de bancs supplémentaires, érection d'un clocher métallique, et installation de salles derrière l'église avec un logement. La statue, taillée dans une grosse poutre en chêne par Mme Fayer-Leroy, de confession protestante, a été bénie le 8 décembre 1965.
 
Quant au clocher, le montage, le soudage, l'alimentation électrique furent l'œuvre d'un Pied Noir de Grandvaux, M. Tomas. Et l'Association des Pieds Noirs finança en grande partie le clocher : en effet, les trois cloches sont, elles aussi, des rapatriées d'Algérie.
La plus grosse est un mi de 100 kg, venant de Miliana ; n'ayant pas de nom connu, on l'a baptisée Martin. La moyenne est un " sol ", de 60 kg, qui provient de Dupleix, et s'appelle Thérèse.
La petite, un " do ", placée en haut du clocher, pèse 35 kg originaire de Palestro, elle répond au nom d'Anne-Marie.

Le financement de l'église ne fut pas simple car elle a coûté un peu plus de 700.000 F en 1964 (Soit 2,3 millions actuels) les paroissiens de St-Martin, puis ceux de N.D. d'Espérance furent terriblement sollicités. D'autre part, des tracts furent envoyés un peu partout en France et les réponses furent généreuses, en particulier celles des Alsaciens. Quinze ans après sa construction, l'église était entièrement payée et les emprunts remboursés. Malheureusement, comme sur tous les immeubles de Grandvaux, il a fallu refaire l'étanchéité de la couverture il y a 3 ans, et encore emprunter 80.000 F ; le remboursement de cette somme coûte à la paroisse 1.000 F par mois !

LA CROIX EN PIERRE
Il y a un mois, une petite croix en pierre a été ramenée et placée à gauche de l'autel du Saint-Sacrement, près de la saillie de la première pierre. Cette croix a une histoire : elle se trouvait en haut d'une petite chapelle en pierre que le propriétaire du domaine de Grandvaux à la fin du 18ème siècle avait fait construire à l'entrée de la propriété côté avenue Gambetta (sensiblement au coin de l'avenue Ouzilleau et de la rue Marc-Sangnier). Ce Pierre Vigier, père d'Achille, s'y fit inhumer à sa mort en 1817. La chapelle fut ensuite ouverte à certains habitants de Grandvaux le dimanche : ce privilège étant réservé aux "vieillards, veuves, et nourrices" pendant les périodes où la famille d'Achille Vigier résidait au château. En 1962, on démolit la chapelle un paroissien de la rue du Billoir, M. Réty (dont la fille habite Savigny) récupéra la croix qu'il transporta dans une brouette. Mise en sûreté à Saint Martin, elle est revenue dans son ancien domaine, et dans une église !

J.N. LAURENCEAU

(1) Avant la " percée " de l'autoroute, la rue du Billoir longeait le domaine de Grandvaux de la rue Vigier à la rue de l'Égalité.

 

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