TOURISME
Les communes voisines - JUVISY SUR ORGE

 
Camille FLAMMARION
 

Résumer en quelques lignes la laborieuse existence de Camille FLAMMARION et l'histoire de la propriété dans laquelle il a vécu pendant 43 ans n'est pas chose aisée toutefois, Si cette évocation inspire à nos lecteurs le désir d'en savoir davantage, nous aurons atteint notre but.

Cette propriété qui existait de temps immémoriaux, située sur le parcours des Rois se rendant vers le sud, plus particulièrement à Fontainebleau, avait reçu le nom de "Gîte Royal".

Isabeau de Bavière y fit chercher le Dauphin, Duc de Guyenne, futur Charles VII qui s'y était réfugié. Henri IV en 1602 y reçu l'avis de trahison du maréchal BIRON qui eut la tête tranchée dans la cour de la Bastille. Ce domaine devient Fief en 1659 et en 1702 il est acheté par la Confrérie des Minimes de la Place Royale de Paris.
La maison sera détruite en 1724 pour permettre le passage de la nouvelle route à travers la propriété.

 

 

Elle sera reconstruite parallèlement à celle-ci. La nouvelle route permettait d'éviter la descente pavée et dangereuse, en temps de gel et de pluie, vers le centre de Juvisy. Ce sera également la première voie construite pour éviter la traversée du village. Elle prit le nom d"'Avenue de la Cour de France". Le fermier des Minimes devint en 1738 Maître de la Poste Royale et la maison une Hostellerie destinée aux relais de poste. Le fermier eut l'autorisation d'installer une enseigne "A la Cour de France". A la Révolution, en 1791, la maison fut vendue comme bien national mais resta néanmoins un Relais de poste jusqu'à l'arrivée du chemin de fer.

Dans cette auberge le 30 mars 1814 vers 23h, se rendant à Paris, Napoléon 1er apprit la capitulation de la ville signée par MARMONT, duc de Raguse. Il partit le lendemain matin pour les "Adieux de Fontainebleau" avant de prendre le chemin de l'île d'Elbe.

En 1856, Monsieur MERET, riche propriétaire, achète le domaine. C'est un amateur d'astronomie et de Sciences Physiques. Il installe une lunette de 108 mm et fait quelques observations. Il aimait aussi la culture des roses, ce qui l'occupe beaucoup. Avec la guerre de 1870, il se réfugia à Bordeaux et négligea la propriété qui avait été endommagée. Fervent admirateur des oeuvres de Camille FLAMMARION il voulut lui offrir sa propriété. Celui-ci refusa, mais sur l'insistance de Monsieur MERET, il finit par accepter ce don en 1882 afin d'y installer un Observatoire "Pilote".
Le nouveau propriétaire est né le 26 février 1842 en Haute Marne dans une très ancienne famille de cultivateurs. Il est l'aîné de 4 enfants dont le troisième, Ernest, devait fonder la célèbre librairie parisienne qui porte son nom. Remarquablement doué, à quatre ans, il savait lire et écrire. Très tôt, il manifeste son goût pour l'étude des choses du ciel et de la nature.  

Il commença ses études au séminaire de Langres mais ses parents, par suite de mauvaises affaires vendirent leurs biens et vinrent s'installer à Paris. En 1856 le jeune Camille travaille alors comme apprenti graveur ciseleur mais suit en même temps les cours du soir de l'association Polytechnique et ceux des Frères de Saint Roch pour le dessin. Il apprend seul l'anglais. En 1858, il a 16 ans, et fonde l'Académie de Jeunesse (société de secours en cas de maladie et d'instruction mutuelle). Sa bibliothèque compte alors 230 volumes, elle en comprendra 12 000 à sa mort en 1925 et occupera plusieurs pièces du premier et du second étage, certains ouvrages remontant à l'origine de l'imprimerie.
Ce travailleur acharné, surmené, tombe malade. Le médecin qui vient pour le soigner, remarque un gros manuscrit de 500 pages écrit par le malade et intitulé "cosmogonie Universelle".

Celui-ci, intéressé et ayant quelques relations, revient quelques jours plus tard et lui annonce qu'il entre comme élève astronome à l'Observatoire de Paris sous la direction de Monsieur LE VERRIER. Lui qui voulait étudier le ciel est affecté au bureau des calculs. Il ne s'y plaît guère et prépare, pendant son temps libre, le premier ouvrage qui sera imprimé en 1862 sous le titre "la pluralité des mondes habités". Devant l'énorme succès obtenu, qui ne plaît pas à son directeur, il est autorisé à reprendre sa liberté. Sollicité de toute part, il choisit d'entrer au bureau des longitudes. Il écrit comme journaliste à la "Revue Française" et donne des articles scientifiques d'astronomie et de météorologie à la revue "Cosmos". Il veut faire entrer dans toutes les classes de la société des connaissances qu'il juge fondamentales. Il entreprend, en 1866 boulevard des Capucines, un cycle de conférences avec projections à la lumière oxhydrique des vues astronomiques. De 1866 à 1880 il écrit 9 volumes "Études et lectures sur l'Astronomie ". Il imagine un photomètre qu'il utilisera pendant l'éclipse de soleil du 22 décembre 1870. En 1880 est édité "l'Astronomie populaire", oeuvre mainte fois rééditée et traduite en toutes les langues. Elle sera couronnée par l'Académie des Sciences.

FLAMMARION est alors mondialement connu. Il publie aussi des ouvrages pour débutants traitant des éruptions volcaniques, des tremblements de terre, des phénomènes de la foudre et aussi des ouvrages philosophiques sur l'infini, les comètes, la fin du monde etc..

C'est alors en 1882 que Monsieur MERET lui offre sa propriété pour en faire un Observatoire, rêve de la vie de Camille FLAMMARION. Il va aussitôt entreprendre des travaux de transformation de la propriété pour réaliser cet observatoire dont les frais seront presque couverts par les bénéfices de la vente de "l'Astronomie populaire"

De l'extérieur on aperçoit la Coupole de 5 m de diamètre, Oeuvre de GILLON un cadran solaire presque disparu malgré une rénovation en 1973 et un portail monumental porte l'inscription "Ad Veritam per scientiem". A la Vérité par la Science. Entrée et transformation sont de l'architecte BARNOUT. L'Observatoire est à 84m au dessus de la mer et 54,50m au dessus du niveau de la Seine. A l'intérieur l'équatorial construit par BARDOU est du même type que celui de la Tour Ouest de l'observatoire de Paris.
L'horloge sidérale construite par COLLIN est partagée en 24h et comporte un cadran divisé en secondes. La lunette méridienne est de MEIHAT.

Camille FLAMMARION en 1887 va fonder "la société astronomique de France" qui éditera un bulletin mensuel pour aider à faire connaître l'astronomie. Il fera encore de nombreuses observations, publiera des photographies de Mars sa planète de prédilection mais aussi de Vénus, Jupiter, Saturne ou Mercure. La lune n'est pas oubliée surtout pour les variations qui peuvent se produire à sa surface. On notera aussi sa passion pour les phénomènes psychiques. Il fréquente en particulier Allan KARDEC auteur de traité sur le spiritisme et lui-même écrivit un article intitulé "Dieu dans la nature ou le matérialisme et le spiritualisme dans la science moderne ". Il écrivit encore "les maisons hantées - la mort et son mystère - Après la mort" etc..

Dans un autre domaine, la vie terrestre étant dépendante du soleil, il cherche à savoir si les variations de l'activité solaire amènent des variations correspondantes dans les températures terrestres.

Il annexe donc à l'observatoire une station de météorologie et de climatologie agricole. Des serres en verres colorés sont disposées pour expérimenter l'action des rayons solaires. La radio-culture était née. Des vers à soie placés dans ces serres produisent une belle soie de la même couleur que les verres de la serre et cette couleur est indélébile. Il fit ces expériences grâce à l'achat fait en 1894 de la partie basse du parc où existaient les potagers du château de Juvisy.

Le Ministère de l'Agriculture s'intéresse à ses travaux. Il obtint en 1900 un grand prix à l'Exposition Universelle. Le Maître fonde alors un établissement secondaire d'horticulture dont les candidats se recrutent dans les écoles primaires. Ils deviendront ensuite des jardiniers pratiques.

On comprend que les multiples activités de Camille FLAMMARION en aient fait un homme célèbre et l'observatoire devient un lieu de rencontres de savants du monde entier. Tous, grands ou petits y trouveront le même accueil chaleureux, les mêmes paroles amicales, le même sourire bienveillant.

A sa mort, le 3 Juin 1925, (son épouse seconde noces, FLAMMARION ayant perdu Sylvie sa première femme en de 1919) Gabrielle, dernière descendante de Théophraste RENAUDOT, continuera avec un courage et une abnégation admirable l'œuvre de son cher mari. Elle disparaîtra en 1962 léguant, selon la volonté déjà exprimée par Camille FLAMMARION, son observatoire à celle qu'il appelait sa "Chère fille", la Société Astronomique de France avec la mission de lui redonner une activité digne de son passé, tâche magnifique à laquelle la municipalité de Juvisy a tenu à ne pas rester étrangère.

Malheureusement la Société Astronomique et la Ville de Juvisy, ne peuvent supporter seules l'ensemble des charges permettant de faire revivre ce bâtiment. L'objectif serait de créer un centre culturel scientifique et technique qui tout en rappelant le souvenir et l'action du Maître offrirait des expositions temporaires, des ouvertures sur l'Astronomie et les sciences de l'Espace.

Camille FLAMMARION dont nous venons de retracer brièvement l'histoire était homme juste et bon qui a consacré sa vie à la recherche de la vérité par la science et à l'élévation intellectuelle de l'humanité.

Camille FLAMMARION, Sylvie, sa dévouée première épouse, et Gabrielle sa fidèle continuatrice reposent tous trois dans le fond du Parc de leur cher observatoire.

 

 
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