L'expédition se poursuit entre les Philippines, les
mers d'Extrême-Orient et l'Australie mais deux ans plus tard, La Pérouse
disparaît à son tour mystérieusement. Le Cénotaphe de Cook comme la
colonne en marbre bleu ornée de proues de navires en bronze ont été
déplacés dans le parc de Jeurre il y a une centaine d'années..
UNE COLONNE AU SECOURS DU MÈTRE ÉTALON.
Avec la colonne Trajane, la seule fabrique qui s'élève toujours au-dessus
de Méréville, on ne quitte pas la géographie mais on revient sur terre.
Cinq ans après la disparition des deux fils du marquis de Laborde, les
astronomes Jean-Baptiste Delambre et Pierre Méchain sont chargés par
l'Assemblée Constituante de calculer la longueur de l'arc de méridien
pour établir un système métrique de référence. Delambre couvre la
portion de territoire entre Dunkerque et Rodez et Méchain travaille de
Rodez à Barcelone. Pour effectuer leurs calculs, ces deux scientifiques
procèdent par triangulation le long du méridien, c'est-à-dire qu'ils
tracent une série de triangles successifs en utilisant des points de
repère fixes en hauteur, tels que des clochers d'église ou des tours de
château.
Ironie de l'histoire, c'est en partie grâce à la Tour Trajane du marquis
de Laborde, guillotiné en 1794, que ces savants de la Révolution vont
pouvoir établir le système métrique. Avec ses trente-trois mètres de
haut, cette colonne achevée en 1792 est en effet naturellement choisie
par Delambre pour constituer un des angles du triangle qui descend
jusqu'à la flèche de Pithiviers. Comme l'époque est troublée et que
les déplacements en France sont périlleux, il faudra sept ans aux deux
scientifiques pour effectuer tous leurs calculs. Grâce à la centaine de
triangles qu'ils ont tracés le long du méridien, le système métrique
s'impose une fois pour toutes.
Si l'établissement du mètre-étalon semble bien loin, les travaux de
Delambre et Méchain ont toutefois été récemment remis à l'honneur. Le
14 juillet 2OOO, un pique-nique géant a eu lieu symboliquement de
Dunkerque à Perpignan, tout au long de la Méridienne plantée d'arbres
et rebaptisée "verte" pour la circonstance.
Frédéric Delacourt
Article paru dans Le Républicain (page
38) le 17 janvier 2002
|