LA VILLE
Le château de Savigny

   

Son histoire

Le Château, après la disparition du dernier des Vintimille, allait retrouver un regain de splendeur en devenant la possession d'une des gloires de l'ère Napoléonienne, le Maréchal Davout.

LE CHÂTEAU EST D'ABORD ACHETÉ PAR R. HAMELIN (1791-1802)

Le "Demi-Louis", avant de partir en exil, avait vendu le 28 Janvier 1791 la totalité de ses biens à M. Romain-Marie Hamelin, ancien commis aux finances du Roy, anobli par Louis XV et qui venait de recevoir en 1784 la recette principale du Berry, puis 4 ans plus tard celle de Tours. 

 

Il avait épousé en 1768 dame Marie Jeanne Puissant, originaire de Rouen et fille d'un très riche Fermier Général, dont il avait eu deux enfants, Antoine Marie et Anne Sophie. 
Après le départ du marquis de Vintimille, M. Hamelin le remplaça comme commandant d'honneur de la Garde Nationale, mais ce n'est qu'à partir de Mai 1792 que la famille commença à faire des séjours à Savigny, avant de s'y installer définitivement le 27 Avril 1794, en pleine Terreur et seulement 4 jours avant la condamnation à mort et l'exécution du père de M. Hamelin.
Le fils, fournisseur général aux armées avait épousé en 1792 une créole de 16 ans, Fortunée Lornier-Lagrave célèbre par sa beauté et ses liaisons entre autres avec Chateaubriand et surtout Bonaparte. Le jeune couple passa à Savigny les mois les plus durs de la Révolution, mais en 1795. il partit pour l'Italie, où le fils Hamelin suivait l'armée.
Jusqu'à sa mort survenue en 1798, M. Hamelin résida à Savigny, où, avec son épouse, il s'était acquis l'amour et la reconnaissance de tous les habitants par les nombreux bienfaits qu'ils avaient toujours répandus autour d'eux. Mais les enfants Antoine Marie et Anne Sophie, à qui la terre de Savigny avait été transmise, ne surent pas la garder bien longtemps, vu leur fortune chancelante, l'héritage paternel.
  

LE CHÂTEAU EST ACHETÉ PAR LE GÉNÉRAL DAVOUT (1802)

Les Hamelin mirent le château en vente. Aucun acquéreur ne se présenta. Après trois adjudications successives, ce fut en fin de compte le 30 thermidor an X (11 Août 1802) que l'Avoué Rezé, en faisant monter l'enchère de 580.000F à 760.000 F acquit, pour le compte du Général Davout le Château et son parc, ainsi que la ferme de Champagne, le bois de Viry, le moulin Joppelin et d'importantes terres labourables ou boisées, le tout s'étendant sur 451 ha. Pendant plus de 60 années, le nom de Davout devait rester étroitement attaché à la commune de Savigny.
Louis Nicolas Davout était alors commandant des Grenadiers à pied de la Garde Consulaire.

 Né à Annoux dans l'Yonne, le 10 Mai 1770 d'une famille de petite noblesse, il était entré tout jeune à l'école militaire d'Auxerre qu'il quitta en 1785 pour devenir cadet gentilhomme à l'école militaire de Paris. Sous-lieutenant en 1788 au régiment de Royal Champagne Cavalerie. bien que fervent lecteur des Philosophes et chaud partisan des idées nouvelles, il dut à la suite d'un incident, donner sa démission...
 
Il venait d'épouser le 9 Novembre 1801 Aimée Julie Leclerc sœur du Général Leclerc, lui-même marié à la sœur de Bonaparte, Pauline. le ménage s'était d'abord installé à Paris, 8 rue Matignon, puis aux Tuileries, dans la maison affectée aux Colonels de la Garde. Mais la jeune épouse n'aimait pas la vie mondaine et c'est alors que Davout, connaissant le goût prononcé d'Aimée pour la campagne, fit l'acquisition du Château de Savigny, véritable folie d'amoureux, car le jeune Général n'était pas très riche. Heureusement les héritiers Hamelin leur donnèrent des facilités de paiement jusqu'en 1829...
 
Les campagnes de guerres incessantes ne laissèrent guère au maréchal de facilité pour la vie de famille. Parti au camp de Bruges quelques semaines après la mort de son premier-né Paul, il ne reviendra que le 13 Mai 1804 à l'occasion de la naissance de sa fille Joséphine et de la proclamation de l'Empire. Les fêtes du couronnement le ramènent dans la capitale en Décembre et les premières semaines de 1805 le trouvent encore à Savigny, où il étudie et décide les restaurations et embellissements à réaliser. C'est le plus long séjour qu'il y fait avant la fin de l'Empire.

LES TRAVAUX D'AMÉNAGEMENT

C'est donc la Maréchale qui doit s'occuper surtout des aménagements du manoir, du parc, et des dépendances. Elle commença en 1804, avec l'aide de son fidèle régisseur Laforest, par faire édifier, près de l'église, une magnifique basse-cour. Elle fit également restaurer l'orangerie, parce que son mari marquait un vif penchant pour la fleur d'oranger il aimait d'ailleurs toutes les fleurs et il avait envoyé de Bruges des centaines de griffes de renoncules et d'anémones, ainsi que des oignons de tulipes et de jacinthes. Il adorait aussi les beaux ombrages, et recommanda de planter des arbres. Une initiative moins heureuse fut celle de peupler les bois et les garennes de lapins et de lièvres contre lesquels il fallut ensuite entreprendre une véritable oeuvre de destruction.

Cependant que le Maréchal s'intéressait aux bois et à leurs habitants, la Maréchale, plus pratique, tourna son activité vers les écuries qu'elle désirait agrandir pour satisfaire son goût des chevaux. Pour cela, elle demanda et obtint de la Commune le déplacement de la rue de l'église. Jusqu'alors, celle-ci était exactement dans l'axe du portail principal, mais sa largeur variait de 9,02 m près de l'église pour se réduire à 7,50 m à la hauteur des écuries et même à 4,90 m au Mail. Elle fut donc reportée de quelques mètres sur la droite, pavée en pierre dure, entretenue aux frais de la Maréchale pendant trois ans.

Fin 1807, la propriété est un vrai chantier et le Maréchal est tellement inquiet de la santé de sa femme qu'il lui recommande, plutôt que de camper dans des appartements sans chauffage et sans mobilier, de louer un hôtel à Paris pour y habiter. Mais Aimée ne veut pas aller s'ennuyer dans la Capitale et préfère, tout en surveillant les travaux, dépenser un peu d'argent pour aménager sur place quelques pièces d'habitation...

Malgré les lourdes charges financières que font peser ces travaux sur le budget familial, le Maréchal se préoccupe de l'ameublement intérieur et de la décoration. Amateur d'œuvres d'art, il fit l'acquisition pour 30.000 F d'une collection de 200 tableaux, dont 180 originaux " presque tous de grands maîtres " et d'un ensemble de bustes et de statues de bronze. Toutes ces pièces rares, comme du reste tout le mobilier a été dispersé et aujourd'hui seule reste intacte une magnifique cheminée qui rappelle encore les belles flambées d'antan.
La lecture de la lettre ci-après de Madame Leclerc, la mère d'Aimée, à son fils en 181 8, nous laisse davantage déplorer cette regrettable dispersion. " Je t'avoue, mon ami, que j'ai été surprise, émerveillée de la tenue du parc et de ses jardins ; c'est ce que j'ai vu en premier lieu ensuite, je suis entrée dans le château tout y est d'un goût parfait pour le carrelage, pour la distribution des pièces d'entrée le salon, le billard, la grande salle à manger, les peintures, tout est de la plus grande simplicité et d'un bien bon genre. L'escalier est superbe...
DERNIÈRES ANNÉES ET MORT DU MARÉCHAL

Partageant d'abord son temps entre la capitale et Savigny pour ménager sa santé chancelante, il prend bientôt le parti de s'installer définitivement au château. Il peut y vivre enfin une vraie vie de famille avec ses enfants dont il avait été si cruellement privé jusque là : sa plus jeune fille, la marquise de Blocqueville nous raconte ce charmant souvenir de sa petite enfance : "Dans le lointain de mes souvenirs je vois encore mon père, très grand, vêtu d'une longue redingote bleue boutonnée, parfois chaussée de bottes en lesquelles entrait son pantalon, assis au coin du feu, dans le premier salon du château de Savigny, le dos tourné au jour, ayant pour lire, relevé ses grandes lunettes d'or sur son front et quittant son livre ou son journal pour me prendre sur ses genoux, quand j'étais parvenue à grimper derrière son fauteuil, afin d'embrasser son beau crâne chauve et lisse et blanc comme le marbre, entouré d'une couronne de cheveux châtain".

Tout en veillant sur les enfants, le duc n'oubliait pas les travaux de sa ferme de Champagne, ses coupes de bois et ses nouvelles plantations. Il prenait grand soin de ses vignes dont il aimait à faire apprécier la qualité (apparemment douteuse) du vin qu'elle produisait, et il faisait terminer les quelques travaux qui restaient encore à exécuter.

(texte extrait de Savigny 2000).

Si vous désirez en connaître plus sur Davout, visitez les sites :

Davout.html
davout.htm

Les autres châteaux en Essonne

B en cliquant

 Retour